mardi 4 décembre 2012

Les mains de tigres

Les lignes sont tracées.
Dans la lutte que nous menions, avec ces regards de tigres qui ont faim, perdus dans la jungle, avec ces mains en feu, qui ne s'éteignent que lorsque le corps est drogué et perdu dans les vertiges.
Dans sa bouche qui ne demande rien d'autre, dans sa salive, je la prends, sur le bord du comptoir, en sachant qu'elle en a envie, elle me sert, me mord l'épaule, sur le sol, dans ses yeux de perle, dans sa grande sagesse, elle me connaît, me découpe l'échine, retire ma peau de la tête au pied, pour y implanter  la moitié de son coeur.

Sur cette surface de soie, dans ses creux de falaise, blancs comme l'écume, je la reprend, et la façonne, de plus en plus malléable, comme de la pâte à modeler, je l'embrasse sur son corps rougi par l'effort, dans ses parcelles de cris, sur sa peau qui me rappelle des couchers de soleil, sur le Mont-Royal.

Elle me rappelle l'amour, comme au temps d'où je voulais venir, avec les danses, les demandes officielles, les baisers au cinéma, et les regards, perdus dans le temps, qu'on ne peut conclure, et qui ne se termineront qu'une fois, dans bien des saisons d'ici.

mercredi 17 octobre 2012

Approach

Le truc qui était en travers de ma gorge, qui m'empêchait de lever le voiles, qui me retenait sur des eaux bien trop tranquilles, qui me rassoyait, constamment. Ça s'en va au loin avec les vidanges.

Toutes les soirées avec un verre de vin, les sorties bruyantes et tassés, les recoins silencieux et vides, les paysages de fin du monde, les falaises, les falaises... Tout ce qui s'en vient, en jaune, en mauve, en rouge.

Dans ses mains, dans ses yeux de bonheur qui se demandent où je vais l'amener.
Toutes ses volontés sont en train de se mêler aux miennes. Et je l'amènerai partout, dans nos débauches planifiées, dans nos hangars de riches, dans nos divans mous.

Des années plus tard, je reviendrai près de cette fameuse fontaine. Et fort de mes quelques livres, avec en poches une paire de billets pour le MET, j'ajouterai le nombre de barres qu'il faudra sur la pierre, pour que le nombre d'années soit exact. J'irai ensuite la rejoindre au café du coin, pour notre soirée, qui se terminera tard.

mardi 16 octobre 2012

S'pogner

On s'est pognés.
Ça fait 2 mois de ça.

On s'est défaits, redéfaits, pris, repris, on s'est tendus, détendus, fouillés, on s'est serrés fort en criss, on s'est regardés, re-regardés, re-re-regardés, on s'est souris, on s'est baisés, on s'est emboîtés, on s'est toute pris dans nos mains, on s'est toute touché, toutes les affaires. On s'est vus tous nus en pleine lumière, on s'est frenchés sur l'bord de l'eau, on a marché dehors en se pognant les mains, pis on a cuisiné des affaires ensemble.

Ses yeux arrêtent pas de changer de couleurs. Ça s'arrête jamais, sur le bleu, le brun, le gris, le vert...

Je la reprend sur moi, en pensant que ça va arrêter, mais non. Ça continue, le coeur continue, les mains, ses hanches, ça continue de me faire sourire.
On se fait faire des cafés Starbuck, pis dans des paysages multicolores, avec le flash à on, on s'embrasse, pareil comme dans SoHo.

On s'est aimés, pis on s'est demandés ce qu'on faisait demain, en se levant.

mercredi 5 septembre 2012

P'tit coeur de porcelaine

Pleins de fois, dans son p'tit coeur, je veux y mettre des lianes qui la retiennent sur moi, je veux l'amener dans un recoin de pays blanc où personne ne parle, et personne ne comprend.

Dans son p'tit coeur, je veux y faire battre des histoires de fous rires, des histoires de cul, des histoires d'engueulades, de tête sur l'épaule, de serrages dans nos bras quand nos bouches font de la boucane.

Près d'une rivière, le soleil nous retient sur la roche, flous, pris par ce blanc éclaté, ces couvertures qui n'en finissent pas de se mouiller de sueur, de salive et de prières.

Je ne sais pas ce qui arrive quand je te serre trop fort, quand je te regarde trop longtemps, quand j'écris trop de mots sur toi. Je ne sais pas ce qui arrive si je continue à t'appeler mon p'tit coeur. 
Mais je vais le faire pareil.

mercredi 29 août 2012

Reality check

Je la porte sur moi, encore presque endormie. Elle me prend pour témoin, de son corps qui réagit sans le vouloir, qui se cambre sans le savoir, mes doigts près de son paradis de fille que je connais déjà presque au complet. Je prends le temps de la faire respirer, le soleil presque levé qui reflète sur les bougies à bout de souffle de la veille, elle s'accroche aux barreaux en me promettant de briser ma petite tête qui pense trop pis en osti.

Elle me fait penser aux peintures de la Renaissance, dans ce temps où ces moments étaient à peine éclairés, pour rajouter de la précision sur ce qu'on voulait montrer, et ce qu'on voulait voir. Rien à voir avec des néons et du beat plein les oreilles.

Elle enlevait sa robe, qui avait serré ses formes toutes la journée, et d'un coup, elle se promenait les épaules nues, le dos encore mouillé de la pluie, et dans sa respiration de plus en plus courte, elle s'approchait de moi en souriant, elle prenait le temps, elle savait que je voulais qu'elle prenne le temps, et elle me sentait sans me toucher. Il y avait un lit blanc, surmonté par de grandes et lourdes couvertures, dans une température qui la faisait frissonner. En éteignant la lumière, elle me pria de la réveiller durant la nuit, pour ne pas tomber dans un sommeil trop profond, et égarer ces moments par des rêves qui en voudraient trop et qui ne finissent pas.

Elle ne s'est réveillée qu'une seule fois, et c'est parce que je ramenais ses hanches sur moi, comme deux coeurs ne sachant pas quoi faire d'autre que d'essayer de battre plus fort, pour voir ce qui se passe.

vendredi 24 août 2012

Du noir du blanc du gris surtout

Empreint d'alcool, de shots, de forts, de tout ce qui fait penser et oublier, de ce qui fait songer, plus fort que d'habitude, de ce qui fait me demander ce qui va arrêter tout ça, pas que je veuille arrêter tout ça, au contraire. C'est juste que je me relis pas, pour une fois. Faq..

C'est juste que je suis surpris.

Je suis surpris à quel point c'est fort. C'est hard. C'est comme si j'avais réussi à passer par dessus ce qui m'arrêtait, ce qui m'empêchait. Ce qui me disait de ralentir, d'arrêter, de me poser trop de questions, de me demander si ça valait la peine, de me dire que ce n'était pas le bon moment. Toutes ces osties de questions, ces osties de réponses. Tout ça, au Diable.

Parce que j'ai envie. J'ai envie de ses yeux, de sa bouche, de sa langue, de ses cuisses, de son sexe, de ses bras, de son cou, de ses pieds, de son âme, de ses yeux, de sa bouche, de ses yeux, de ses yeux. Oui. Comme c'est écrit et joué. «Tout est inconnu, vierge. Mais plus tard, on aura été au bout des perspectives. Au bout d'un temps, on y a vécu.» Oui, j'aurai vécu, et je l'aurai rendue amoureuse, d'un homme amoureux.

Et après les épées, les batailles, et la guerre, après les siestes sur le diva, à regarder le tennis du dimanche après-midi, après les joutes de criquet du Parc Jarry, après les tartares improvisés avec la boucherie du coin, je me demanderai encore comment tout cela s'est passé. Comment tout cela s'est complété dans le silence et dans le bruit, dans le noir sur blanc, dans les inconnus de recoins, dans les improbables de fin de soirée, dans les liquides qui font trop de tord et qui rendent tordu les mouvements sensés être aisés, dans les quelques jours, au soleil et à la chaleur, à vouloir se prendre comme des adolescents, comme pour la première fois, empreints de connaissance et de découverte, comme pour prouver où on est, qu'est-ce qu'on vaut, comme pour prouver, prouver à quelqu'un qui ne sera pas là que quelques heures, mais bien assez longtemps pour avoir ses habitudes, ses sourires, ses caresses, ses surprises, ses douceurs. Je la love.

jeudi 23 août 2012

Automne 3

Nous sommes dans un bar branché, je sais plus quelque rue, mais quelque part où ça parle in english. Chaque fois qu'on regarde dehors, comme pour se prouver qu'on est là pour de vrai, pis pas ailleurs, ça nous prend. En tout cas, ça me prend. Je m'imagine des années plus tard, dans ce même bar, sur cette même rue, un peu plus bilingue peut-être, en train de boire un drink qui me saoule beaucoup trop vite. Le soir, je rentre chez moi, pas trop loin de là, avec elle, son bras autour de mes épaules. On arrive, on se déshabille, on parle de comment le monde est en train de changer, de qu'est-ce qui nous pousse à être athées, de où on se voit dans deux ans, de quel show on va voir en fin de semaine, de la probabilité de s'acheter une nouvelle plante pour le coin du salon, de jusqu'où on irait pour sauver la vie de l'autre, de jusqu'où on irait si on se lançait des défis, de qu'est-ce qui est notre fantasme ultime, et si on veut le réaliser, de si on essaie ou non de battre notre record du nombre de fois qu'on baise en une semaine, de quel pays on aimerait visiter le plus, de quand on se fera autre chose à manger que du spaghet, de combien de bouteille de rouge il nous reste, de quand on va finir la toile qu'on a commencé et qu'on veut accrocher dans notre chambre-salon, et de quand on changera de vie.

Elle se lève, juste avec mon hoodie sur le dos, avec ses cuisses qui capte la faible lumière de la lune qui passe au travers de notre fenêtre-pas de rideau, avec ses cheveux détachés, avec sa peau qui me manque déjà.

Plus tard, au milieu de la nuit, je sais plus quelle heure, je suis revenu à maintenant, ici, mais elle était là, et je me suis rendormi pendant que mes bras se resserraient sur elle, et qu'elle se réveillait à moitié pour me sourire, comme pour me rassurer que c'est du vrai.