jeudi 19 février 2009

Mes amis.

Nous avançons dans des directions opposées, mais nous n'avons jamais été aussi proches. L'éloignement est nécessaire. Pour se connaître, s'aimer, se regarder, et pleurer aussi, nous n'avons qu'à partir un peu, juste le temps d'une baise, d'un french, d'un regard, et des fois plus. Et puis on se retrouve comme avant, avec les heures impossibles, avec les bouteilles, les rires, avec toutes les conneries, les chicanes, les crises et toutes les larmes, avec toute la musique du monde et les solos de guitare, ou presque, avec les surprises, les imprévus, les drôles de gens et ceux qui nous font rire, avec tous les noms bizarres, les personnages, les malaises, les odeurs, les pognages de fesses et les baisers, avec le whisky que tout le monde aime détester, avec les sauvetages, les blackouts et les lendemains trop clairs, avec toute la vie devant soit, et avec le sentiment que tout ça, ça ne changera jamais. Avec tout ça.

Je vous aime les amis. 

dimanche 1 février 2009

Saint-Joseph

J'étais seul et je pleurais. J'avais pris soin de partir sans le dire à personne et sans que personne ne me voit. Sans sac, sans argent, sans rien. J'avais mes mains et mes rides, mon coeur et ma merde. Et j'étais dans une forêt beaucoup plus grande que moi.

Je criais depuis deux heures, et aucune réponse ne se faisait entendre. J'étais vraiment seul. J'étais bien. Accroupi contre les épines de l'arbre, je grelottais, nu, pensant à toutes les fois, tous les moments gâchés, la peur qui voulait sortir du ventre, le rire contre la tempe, prêt à sauter.

Le malheur envahissait l'odeur de l'herbe, les oiseaux me regardaient, sereins, immobiles, prêts à manger les restes. Toutes les secondes se faisaient rattraper par l'oubli, enveloppant l'air de blanc, et d'invisible.

Le froid s'attaquait à mes yeux, si bien qu'ils devinrent noirs, de honte et de peur. Je devenais fort, invincible, capable d'oublier, enfin. Mais la maison avait brûlé les restes. Et je pus mourir dans la dignité qui m'avait créée, devenue si vite inutile.