dimanche 28 novembre 2010

Plein de bon sens

Dans toutes les défaites, avec la femme de ma vie dans mes bras, la larme à l'oeil, confiante, prête à tout, charmée et conquise, je ne peux qu'être gentil, amoureux, honnête, et charmant.

Jamais dans ma vie je n'aurais pensé aimé autant quelqu'un. Une fille qui réussit à m'émouvoir, à me surprendre, et à me faire rire.

Le matin, quand je me réveille avant elle, j'aime mettre ma main sur ses hanches. Calmer les ardeurs de la veille, que j'ai tant ramenée sur moi, à répétition, tendrement, avec elle, ses yeux et ses mains, ses mots, sa langue qui goûte la vanille, le vin. Plein de peau moite, plein de mots criés, de sons, de râles, dans sa bouche, sur sa langue, tout plein la nuit.

La bouche en sang, ça avait un goût ferreux, mais dans son sens, les draps foncés, dans sa peau brune et rouge, qui goûte le miel et le sexe, j'avais le pouvoir de lui donner ce qu'elle voulait, mes yeux bleus et verts, plein de champagne, et quelques doigts ramenés durement vers son nombril, la main sur elle pour l'empêcher de voler, de s'éclater en miettes.

En pensant à elle et à son odeur, je rêve, avec mes nuits de l'habitué, mes images en jaune, mes sourires, sa peau, donnée à un autre.

Une fois pour la peine, plein de remords, déjà.

samedi 28 août 2010

Clé

C'est presque toujours la même chose. C'est cyclique. Tous les changements de noms du monde n'y parviendront pas.

Je discute bouffe avec un enculé. Ce genre d'enculé qui vous fait rire, mais pas de la façon qu'il croit. Je sors tous les mots pas possible, les terminaisons gracieuses, les altérations inutiles et les termes serrés comme un cul de mouche. Ça le fait rire, et ça me fait rire, mais comme je vous disais, pas de la façon qu'il croit.

Bref, je suis là, le bedon rempli d'empoisonnement naturel, une clé dans la narine. On vole des bières puis on se sauve, devant l'air penaud du proprio sortit à peine des toilettes où il baisait tranquillement et prestement une jeune fleur qui ne mérite pas ça, mais qui ne le comprend pas encore, et qui le regrettera lorsqu'elle sera mariée.

Devant une allée complètement vide, on déblatère sur Beethoven et son oeuvre, sur la façon d'élever correctement un chat, et sur la pertinence de chier dans des endroits convenus, plutôt qu'à tous vents, là où ça nous chante.

Mais après tout ça vient le coup de vent du lendemain. Je me fais frapper violemment dans les toilettes, avec un shooter au cornichon encore dans les mains. Je finis dans une ruelle, jusqu'à temps que je me réveille, en sueur, regrettant de ne pas avoir su dire son nom une seule fois, ou du moins lui demander.

Mais elle était trop morte pour ça. Avec plein de cartes d'affaires dans les poches.

vendredi 30 juillet 2010

Les étreintes

«Je lui ai pris le bras pour la consoler, doucement. Je ne voulais pas qu'elle sèche ses pleurs trop vite, qu'elle brise cette si belle ambiance, tout à mon avantage, en héros qu'elle m'avait fait, dans le reflet de sa fenêtre, le regard ténébreux, réconfortant, sombre et mystérieux, comme j'ai toujours voulu.

Je la prenais dans mes nuages pour l'aimer, lui dire tous les mots d'amour qu'elle n'avait jamais entendus, même les plus beaux, lui mettre la main sur le dos, mais toute la main je veux dire, pour vrai, puis lui sourire, innocent de toute cette sexualité grisante, immorale, et pornographique. Mes doigts dans sa bouche, ma main sur son cou, seulement pour la diriger, pour qu'elle sache ce que je veux, ce dont j'ai envie, sa langue entre mes phalanges, âprement mouillées, le souffle court, ma main de plus en plus crispée, seulement pour qu'elle comprenne, qu'elle acquiesce, ne se pose pas de question. Pour qu'elle obéisse, et que je la sauve de son chagrin, qu'elle arrête de pleurnicher comme une fille qui ne mérite rien d'autre qu'une bonne leçon.

Rien à voir avec les étreintes d'une femme dans la mer. Comme je ne voulais plus la voir, elle s'est essuyée les cuisses, a fumé une cigarette couchée à mes côtés, puis elle est parti, du sel sur les joues.»



extrait de Lüri Sanchez Untitled Script

jeudi 22 juillet 2010

Le choix de porcelaine

Pourquoi faudrait-il choisir? Qu'ai-je donc qui demande tant de réflexions, qui génère tant de circonstances atténuantes, et qui rejète l'idée de la nudité volontaire?

Oui, j'ai fait ma demande. Je lui ai demandé, après notre diner, l'autre jour, sous un soleil de plomb (Dieu qu'il faisait chaud) avec le bruit de l'eau qui nous rappelait sans nuance combien nous avions tenu à être à cet endroit précis, à ce moment précis, sous ce soleil de plomb avec ce diner.

Bref, de mon plus beau sourire, avec ma voix la plus profonde et la plus grave possible, je lui ai demandé. Simplement, et joliment, sans pour autant être trop simple, juste assez compliqué, mais assez facile à cerner, pour pouvoir résonner le plus vite possible, et rouler les yeux de bonheur, l'âme en paix et soulagée de tout ce mystère d'attente et de soupçons. Elle n'a pas souris tout de suite. Elle a finit sa gorgée de vin rouge, une bouteille achetée pour l'occasion, un brin corsé, une belle robe, presque mauve, grattant sur le palais l'air de dire qu'il ne veut pas être bu. Elle m'a regardé, a mis sa main sur ma joue (c'était le début de la fin) et elle a détourné la tête.

Elle ne savait pas. En fait, elle ne voulait pas savoir. Ou se demander si.

J'étais brisé. Comme ce fracas qu'on entend une fois la barrière franchie, le moment où consciemment, on accepte l'humiliation, celle de rester devant sa honte, les yeux au sol, la salive de trop, le coeur en miettes, qui battent toutes selon leur propre rythme.

J'ai acheté un grand cercueil, je m'y suis installé, avec mon coeur de porcelaine, puis, avec une dernière respiration (qui sentait la fraise), j'ai dévalé la chute, celle de tous mes remords, pour ne plus y penser, à elle, à tous ces appartements, ces coups de reins dans le vide et ces mains qui s'emboîtent, j'ai tout envoyé se faire foutre, pour le bien du Seigneur. Amen.

Je suis mort, l'histoire, et la façade.

jeudi 15 juillet 2010

Post-

C'est l'heure. Je me lève, après quelques minutes. Je remonte mes pantalons, je lui arrache mon chandail des mains. Elle bouge un peu. Ne se réveille pas. Je prends mes clés sur la table, ça fait du bruit. J'ouvre la porte et je sens l'odeur qui m'avait manquée durant la nuit, sèche et collante. Je me colle contre le mur de brique qui l'abrite, on se l'échange. Je l'abrite parfois aussi. Je sentais ses lèvres sur moi, à bout de souffle pour me réveiller, ne pas me laisser dormir, elle s'épuise. Je la soulève sans qu'elle ne s'y attend, je lui montre ce dont je suis capable, sans ouvrir la bouche, ou les yeux, seulement mes mains lui parlent, dans le noir artificiel des maritimes, près du sel, en entendant la vague, sans toucher à celle dont je rêve, je me suis fais prendre à mon propre jeu, le retour des passants, dans la dèche, armés de croyants, si peu nombreux. Sans espace, comme toujours...

vendredi 9 juillet 2010

Tu as de belles jambes.

Je n'aime pas vraiment les gens. Et ils me le rendent bien. J'ai donc ce que je mérite, la plupart du temps. Mais parfois, c'est du hasard. Et je crois pas vraiment au hasard.

J'étais au parc, assis près du lac-étang, en train de faire semblant de lire, du Jardin bien sûr, pour faire romantique. Toujours est-il que j'observe, et je m'aventure parfois même à jeter des regards, qui sont bien sûr à sens unique, tout en tournant une page de temps à autre. Une fille vient s'asseoir près de moi. Les cheveux longs, pâles, et naturels, le teint beige, presque rose, les cuisses douces au regard. J'ose penser qu'elle m'a remarqué, moi et mon bouquin, et mon air mystérieux de celui qui connaît le coin, qui vient toujours lire, le soir, sur le bord du lac-étang, parce que ça le relaxe, et qu'il a besoin de penser à des choses. Des choses dont je suis le seul à penser, ce qui fait de moi une personne unique (même si tout le monde reste unique), mais je veux dire vraiment unique, et qu'elle saurait me découvrir peu à peu dans un tourbillon d'amour qui nous emporterait en lyrisme descriptible que par nous et nous seuls, âmes soeurs de regards et de mains sur le bas du dos, jusqu'en haut en appuyant de chaque côté de la colonne, pour la faire frissonner, et finir par ses hanches, du bout des doigts, pour la préparer à la gourmandise égoïste et violente de mes mains...

Bref, je pensais qu'elle venait me rendre mon regard, mais je me trompais. Elle venait simplement lire près de l'endroit que j'avais pris tant de temps à choisir, qui était donc le meilleur.

Peu de temps après les convenances d'inconnus à proximité, un gars, pas bien plus vieux, peut-être un peu plus grand, mais sans plus, commence à parler à cette fille. Comme s'il la connaissait. Sans tout entendre, j'essaie de tendre l'oreille, pour voir, pour peut-être même apprendre.

Au ton, je sens une réticence de la fille, comme si elle ne voulait pas se faire aborder, et qu'elle voulait continuer à lire son putain de livre, surtout qu'elle avait réussi à être à l'aise, avec cette proximité d'inconnus, comme une petite famille temporaire, régie par des règles invisibles. Ce gars venait de briser cet équilibre qui prend quand même du temps à s'établir, et elle aurait à tout recommencer, lorsqu'il se déciderait finalement à partir. Moi, en tout cas, ça m'inquiétait.

Plus j'écoutais, et plus je tournais les pages de mon livre rapidement. J'étais prêt. Prêt à réagir en cas de détresse. Prêt à tout pour ma voisine de terrain, cette personne qui était devenue ma coéquipière de la soirée. Sans le savoir, nous nous étions juré fidélité, et avions promis de nous protéger quoi qu'il arrive, puisque nous avions au moins un point en commun (ce qui est presque incroyable de nos jours); venir lire assis en indien le soir près du lac-étang.

Lorsqu'il s'est décidé à partir, j'ai vu. L'échange de papiers à été bref, mais il a eu lieu. Elle venait de rompre, avec moi. Cette si belle relation que nous avions bâtie, ensemble, près de l'eau, presque sans soleil, les pages que nous tournions parfois en même temps, ce seul mais combien important sourire, lorsqu'elle s'assit et que je lui indiquai par un bref signe de tête que nous passerions la soirée ensemble, tout près l'un de l'autre, à lire, tout simplement, tout ça, elle l'avait jeté, craché. Elle m'avait trompé avec un autre, un autre qui ne lit même pas sur le bord du lac-étang, un autre qui ne connaît probablement rien à Jardin, un autre qui n'a pas pensé une minute que je tenais à cette fille, et qu'elle était à moi, pour la soirée.

Je suis parti, quelque part dans les instants qui suivirent, avec mon livre, et mes sourires. Elle est restée, seule, et elle s'est mariée, quelques mois plus tard.

dimanche 4 juillet 2010

Portuguaise

Vous tous, mes chers chers lecteurs, à qui je dois tout, et sans qui je n'ai rien, sachez qu'un nouveau pas à été gravé dans la mer. Et ni les vagues ni les remous ne viendront à bout de ces traces.

Pour tout vous dire, car je ne peux rien vous cacher, je viens de m'acheter une petite villa dans une campagne verdâtre et naturelle. Je rêvais de cet endroit depuis longtemps pour y amener mes conquêtes, et ainsi pouvoir les laisser jouir en toute liberté. Montréal, c'est bien, mais sans voisin, c'est mieux, car le bruit de certaines avait raison du peu de bonnes relations que j'entretenais avec mon voisinage. En forêt, même si j'ai cru remarqué que les animaux qui avait élu domicile sur ma terre avaient tous levé le camp depuis mon arrivée, je ne semble déranger personne, même avec celles dont les couinements réussissent à faire décoller la peinture. Est-ce ma faute, ou la leur? Je ne saurais le dire. Mais ceci est un autre débat.

Toujours est-il que j'ai défriché moi-même cette terre qui m'a été léguée par mon grand-père, décédé depuis maintenant 10 ans, Dieu ait son âme. J'y ai planté des fleurs, retourné la terre, arraché les mauvaises herbes et ramassé les brindilles. Puis j'y ai construit le plus beau chalet de bois qu'on peut imaginer.

Le chalet n'est composé que d'une pièce en fait. Un grand espace, tout blanc, sur un plancher de bois, foncé. Au milieu, j'y ai mis un grand lit, avec des draps et une grande couette chaude et lourde. C'est ça, mon chalet. Bien sûr, il y a un coin pour les activités obligées et l'eau courante, mais le lit est tout à fait le centre d'attraction.

Quand la belle vient me rejoindre, je n'ai qu'à ouvrir la porte, laisser tomber mon manteau, lui arracher le sien, puis je l'amène sur le lit, sans obstacle pour se diriger, en l'embrassant, les yeux fermés bien sûr. Je suis devenu assez bon, et je réussis même à lui faire faire plusieurs tours, toujours les yeux fermés, en la tenant sur moi, mon bras sous ses fesses, avant de tomber sur les couvertures, déjà ouvertes et prêtes aux empoignades effrénées et incontrôlables.

Je vous prépare l'accomplissement mes amis. Un des. Je pense que je suis prêt. Mais c'est foncé, ce qui s'en vient.

lundi 21 juin 2010

Constat

Ça m'avait quitté. Pour de bon je veux dire. J'avais toujours pensé que c'était temporaire, que ça n'avait rien à voir avec la réalité. Mais non. Je m'étais crissement trompé. J'étais alors condamné à errer dans l'entre-deux, le paradoxe de celui qui ne veut pas, et qui ne peut pas.

Toute la dignité, la sagesse et compagnie, tous les mots et les cris, à ne vouloir rien dire, les regards silencieux qui paraissent beaucoup mais qui sont bien fades, toutes ces morales de coups durs et d'égo, de lendemains et d'écho, de brisures et d'années, ces trompeurs qui me surclassent, ces quelques mots changés sans que l'on en espère tant; morts. Disparus.

Je sais, ça ne vaut rien, pour autant qu'on sache l'écrire, mais c'est tout aussi vrai, et ça ne me quitte pas, quoi qu'il se passe. Ça empire, et ça gonfle.

Dans quelques années, quand j'aurai enfin trouvé, à mille lieux d'ici, dans une autre langue, avec d'autres armes, mais avec autant d'heures à se retourner, je verrai peut-être ce qui ne me parvient pas, et je pourrai enfin mourir du chagrin qui m'en éloigne.

samedi 12 juin 2010

Pi

Dans l'emprise, se laisser aller, et conquérir le continent des plus forts, ça ne donne rien. On se fait chier à vouloir avoir, c'est tout.

Je suis allé me promener dans un champs, près de chez moi. À ce temps-ci, la terre est rapidement remplacée en semences, puis en pousses, par les fermiers, pressés de sortir de l'hiver.

J'ai marché jusqu'au centre, pour avoir un horizon qui me semblait assez égal. Dans le silence des sirènes et des fumoirs, je me suis agenouillé, puis couché.

Elle est venu me rejoindre peu de temps après, au plus quelques heures, juste pour voir.

On ne s'était pas vu ni parlé depuis 2 ans, et ces années sans nous voir nous avaient donné à tous les deux de grandes sagesses inutiles. Tout ce qui s'était passé, tous les retours à pied, les langues de feu, les mains mouillées, les yeux rouges, ou verts, les grandes paroles, les pieds sur la clôture, les grandes distances, tous les cris, les hanches et les moments trop longs (inutiles) et tout ce qu'on avait rêvé mais qui ne s'était jamais passé, tout ça, ça n'existait plus.

Je la remontait contre l'arbre, je brisais son âme à coup de gin, dans ses yeux, comme une femme qu'on embrasse, pour vrai.

samedi 29 mai 2010

Sentir l'hiver

À peine arrivé, je soulève ta jupe, tes cuisses prêtes à se souvenir. Lentement, dans le corridor de ton entrée, je te déshabille, sous tes yeux de morale, et je te prends, dans la lumière de la cuisine. Je te goûte, comme si rien n'existait, et les yeux dans le vide, perdu dans le vertige du retour, je retourne en toi, toi, bien là, souriante, sous le poème des sages, et des vilains, dans les vertiges d'autrefois, et du futur, de ce qui ne se passera pas.

Dans la fuite, tu te berces sur moi, les mains hors de prix, pleine de remords, jalouse de ne pas avoir le bleu si bleu, les mots couverts, noirs, comme tout le reste.

Je la retournais comme je voulais. Elle criait, mais elle ne jouissait pas. Elle n'avait jamais pu. Je la croyais, mais évidemment, je ne voulais pas m'y résoudre. Alors inévitablement, lorsque son souffle se faisait plus court, je la regardais intensément dans les yeux.

Prêt à tout pour une parcelle de noir, dans ces mouvements qu'on a tous trop vécus. Il y a ceux qu'on voudrait, plus que tout, posséder au-delà du rêve et des attentes. Dans tous ces cris, aucun n'est vrai, l'heure panique, et le coeur abandonne.

Avec ces calmants, je prends ce qui me reste de temps pour te lire, et sans raison, je prie pour qu'on me ramène dans ce grand manteau blanc, qui calme les aigus, assombrit les erreurs, et dilue le sang.

Attendre, tout près, avec une bouteille, et des ambitions. Et dans le néant, dans les sifflements des nuits d'après-midi, il n'y aura rien d'autre qu'un long corridor, vide.

mardi 18 mai 2010

«Tu m'as-tu dit fuck you?»

Personne n'est à l'abri.

Tant que tout avance, que ça se déroule comme prévu, ou presque, c'est de la chance si on veut avoir les indices.

Se comprendre, se complaire, se satisfaire de.

Dans l'attente, je suis allé marcher, faire comme d'habitude, et essayer de paraître comme je voudrais, dans l'attente de la pluie pour rendre ça moins pathétique, davantage pellicule, plus différent au moins. J'avais cet envie de tuer, de me jeter à l'eau, de regarder les roches sur lesquelles j'avais marché, presque sans raison, presque. Presque normal, presque oublié(e).

Jamais de la vie, j'ai oublié, déjà, ça revient, du pensé et du repensé, qui dure éternellement, et dont je suis habitué.

Avec cet peur de solitude, et ce désir, c'est de l'amour? Non. C'est de l'astrologie.

jeudi 13 mai 2010

Pendant tout ce temps...

«Soumis à un test d'imagerie magnétique fonctionnelle, des sujets très sensibles ont montré une activation cérébrale plus intense dans les parties du cerveau liées au traitement de l'information visuelle que les autres. Grâce à l'étude expérimentale publiée dans le numéro de mars 2010 de Social Cognitive and Affective Neuroscience, on sait désormais que ces personnes accordent plus d'attention aux détails, mettent plus de temps à prendre une décision et sont facilement ennuyées par les «conversations de couloir».

Grâce à des études précédentes, on savait déjà que les gens sensibles sont souvent timides et introvertis, qu'ils sont plus facilement effrayés, qu'ils sont davantage affectés par la caféine, qu'ils n'aiment pas le bruit ni les foules. Les enfants pleurent facilement, ont des pensées profondes et posent souvent des questions inusitées. Parce que leur sensibilité semble générale, ils ont tendance à observer avant d'agir.

Est-ce perdant d'être sensible? Pas du tout, s'entendent les biologistes. Si les individus sensibles - que l'on trouve au sein de plus de 100 espèces animales - sont toujours minoritaires, ils présentent un avantage évolutif dans des situations potentiellement dangereuse, au moment de faire un choix difficile ou lorsque l'occasion demande de l'ingéniosité

lundi 10 mai 2010

Into the sun?

Je me suis réveillé. Pour la première fois depuis des années, j'ai vu la couleur du plafond. Sans parler, j'ai pris conscience d'où j'étais. Je n'avais pas bougé, j'étais à la même place. Étendu sur ce matelas dur et humide, je n'étais recouvert que d'un drap mince, et presque blanc, portant encore les taches de ma puberté.

J'ai crié pour que quelqu'un vienne, et m'explique. Pour que quelqu'un m'aide à me réveiller, encore, et que je sorte de ces rêves en poupées russes.

À force de plier les genoux, on ne peut plus se relever. Les mains salies par tout ce sang, je les essuyais pour que personne ne les voit, ou ne le sache. C'était mon secret, entre moi et les morts.

Quand on m'a emmené dans la fontaine où je voulais mourir, j'ai tout de suite pensé à elle, à ce qu'elle m'avait dit, et montré. Mais tout ce que je me souvenais, c'est que je devais mourir, pour qu'elle en garde le souvenir que je lui avais fabriqué, encore remplie d'incertitudes et de fantasmes.

Plus loin dans le temps, on se souviendrait de moi comme je voulais être; incomplet.

jeudi 6 mai 2010

Mirrorball

«And we took the town to town last night
We kissed like we invented it
And now I know what every step is for
To lead me to your door
Know that while you sleep
Everything has changed»

dimanche 2 mai 2010

Petit soleil

Comme pour te dire une promesse petit soleil. Sans la tenir, mais essayer.

Tu avais encore le doigt sur ma fesse gauche, et je dormais, en faisant semblant. Juste le temps que les mèches, bien placées malgré les élans, retombent sur tes yeux. L'oreiller presque déchiré sentait les fruits, témoin des cambrures, des coups et des orgasmes.

Tu soufflait sur mon oreille, et tes cheveux me réveillaient doucement avec l'odeur du blanc, du néant arrosé de roses, et le blond ramenait en pensée les regards qui n'en finissaient pas.

Toute la journée se passait au lit. Le soleil n'était qu'un passager qui repartait bien vite, prêt à s'éteindre pour l'ambiance. Tu riais, impossible à mentir et à cacher. Ma tête appuyée sur ta cuisse près de ton sexe, encore chaud et pris de spasmes, je caressais la ligne du fleuve, creusée après une vie de sorties en mer, incomprise et déchaînée par les vagues meurtrières des aurores. Seulement des corps qui brillent de sueur, des langues et des lèvres rougies par l'ardeur. Des images flous, des gestes qui ne s'ennuient jamais, comme des promesses à répétition.

Assise près de la fenêtre, le son qui s'échappait du mur vide accentuait tes soupirs. Tu paraissait dès lors plus jeune, presque complètement inconnue à cette vie, comme si tu n'avais jamais accepter de venir sur moi, pour te coller sur mon ventre en mordant mon épaule, les yeux noirs, malade de remords et de pitié. Mes étreintes n'y changeait rien.

Il te retrouvais nue, en pleine nuit, debout devant le miroir, à pleurer, te demandant si tu avais choisis le bon regard. Il flattait tes hanches, ta peau froide, si blanche, parfaite. Et tu le regardais pour le consoler de ne pas te croire.

Tâché de sang, battu, violé, puis sauvé par mes amours imaginaires. Tout le temps, à jamais, sans regarder derrière, nous avions compris, et j'étais bien là, seul, comme dans un film.

(...)

lundi 26 avril 2010

Écrit fictif immoral.

D’avoir été son amant ne m'avait rien apporté. Chaque fois, je venais en elle, et alors qu'elle était toujours étendue, nue, sur les draps entremêlés, je mettais mon pantalon en m'essuyant, et je marchais déjà vers la porte. Elle restait là, immobile, en sueur, les yeux presque encore fermés par l'effort, comme endormie, sans avoir le temps de dire un seul mot, tout au plus de soupirer. Seule une larme venait à m’atteindre, avant que je claque la porte, net.

Depuis dix ans, je glissais sur des femmes qui m'étaient totalement indifférentes. Mais elle avait été ce qui était le plus près d’Elle. Ce qui lui ressemblait le plus. Avec ses seins, le mamelon bien ressorti, bien pris entre mes lèvres, frissonnant au moindre contact de lumière. Et elle ne pesait rien, de sorte que je pouvais la posséder contre le mur avec un seul bras, sous les fesses, en lui tenant la nuque pour bien plaquer sa bouche contre la mienne, et pouvoir la boire.

Mais comment, donc, en étais-je arrivé à revenir vers elle. Et pourquoi prenais-je le temps de la faire sentir aimé. Je lui soufflais des mots avec une douceur que je n'avais jamais eue, même en amour. Mes yeux envers elle étaient plus amoureux encore que dans une baise de rupture. Et mes doigts étaient plus curieux que lors de ma première fois.

Et je revenais irrémédiablement vers elle, vers son sexe. Je crois que, en la possédant, je voulais sentir ses yeux me regarder avec admiration, se poser des questions, ne pas comprendre le personnage. C'était peut-être pour moi, que je la baisais. Mais elle, elle ne m'apportait rien. Sinon peut-être des larmes.

dimanche 25 avril 2010

Latent

Les saisons se sont mélangées, et aucune différence n'existe entre elles présentement. Tout pour gagner un peu de lumière.

La tête dans le ciel et les yeux dans les nuages, je respire ton odeur jusque dans mon oreiller, à la recherche de souvenirs inventés, de moments perdus à jamais, dans le bas de l'escalier blanc, en attendant la faux.

Comme nulle part, et pour toujours, les images arriveront par centaine pour me faire croire aux esprits, avec les coeurs, heureux de n'être que rouges.

Les couleurs se rassembleront pour graver sur mon bras ce qui est vrai, et ce qui ne s'est jamais passé. Car dans ma tête, il y a et il y aura toujours les images de ceux qui sont morts de chagrin, perdus dans les détours de tes hanches.

samedi 24 avril 2010

Cerca de tu corazón

Tu dois déjà y être à l'heure qu'il est. Comme à jamais d'ailleurs..

Pendant une nuit, pendant un réveil, ou juste un matin. Crier aux loups juste une fois, pour tout briser, tout démolir, dans le seul espoir de nous faire prendre. Tomber de très haut et vouloir mourir, imaginer le pire, et s'en foutre.

Surtout ne jamais écouter ce que je dit, ou ce que j'écris.

Je me suis arraché la peau sur le sable, et j'ai pensé aux étoiles, pour essayer d'oublier, un peu. J'ai compté les moutons, crier aux loups, ou aux coyotes plutôt, et j'ai goûté au turquoise. Sur les gravats, je me suis assis, et j'ai pris conscience du temps qu'il me restait, à contempler la mer, le soleil, et les oiseaux. Ce portrait, je l'ai déposé, pour que rien ni personne ne puisse y toucher. Quoi qu'il advienne.

Et dans plusieurs années, on trouvera une roche toute rouge, faite en corail, et l'on saura que j'ai aimé.

vendredi 16 avril 2010

Les sentinelles

Nous étions plus jeunes à l'époque. Encore saoulés par l'amour des premiers jours, des nuits blanches de découvertes et de langues, des poèmes insensés sur les parties du corps et des phrases dites sans raison.

C'était la première fois que je t'avais donné rendez-vous. Nous nous étions vus souvent, avant cette soirée, mais il y avait toujours eu ce quelque chose de plus formel, une barrière de concessions et de convenances. Mais ce rendez-vous était spécial, tu avais dit oui sans hésiter, en offrant tout de suite d'apporter la bouteille, tu m'avais laisser choisir le resto, et tu avais pris congé le lendemain, pour en profiter que tu disais.

C'était en août, et le temps était encore relativement doux. C'était une soirée noire, sec et chaude. Tu es arrivé avec une petite robe rouge et blanche retenue par deux minces bretelles, déposées sur les fines courbes descendantes près de tes épaules, celle de droite cachant un grain de beauté, accentuant le désir que j'avais de cacher mon souffle dans le creux de ta nuque, puis derrière l'oreille, te faire soupirer de frissons. La robe laissait paraître ton dos, rose, que j'imaginais déjà couvrir de baisers et de mots, jusqu'au matin, dans une chambre inconnue, toute en blanc et en couvertures, coupé de tout, où seule l'orangé pourrait nous sortir de cette dimension, ni vivants ni morts.

Tes yeux brillaient, et en souriant, tu avais cette petite ligne près des yeux qui prouvait que ce rire était sincère, et fébrile aussi. Tu m'as embrassé sur la joue, en prenant mon bras, tellement doucement que mes jambes ont fléchis. Mais tu avais cet espèce de voile, ce questionnement, que je n'arrivais pas à cerner, pour l'instant.

Nous étions sur le pavé, rue Duluth, et les lanternes faisaient miroiter le jaune et le rouge dans tes pupilles. Avant d'entrer dans le restaurant, tu m'as pris la main pour m'arrêter. Tu m'as légèrement tirer vers toi, pour que je me retourne, et tu t'es avancé, très lentement. Ta robe rebondissait presque sur ta poitrine qui retenait un cœur que je sentais complètement affolé. Ton souffle réchauffait mes lèvres sèches. Tu n'as pas détourné ton regard de mes yeux une seule fois, et tu t'es encore approché. Je sentais sur moi la pointe de tes seins, tu étais chaude, mais tu frissonnais, et tout s'est enveloppé autour de nous. J'ai déposé ma main sur ta hanche, pour te coller sur moi, pour t'inviter. Tout s'est évanoui.

Puis tu m'as embrassé.

Très doucement, juste en déposant tes lèvres. Tes doigts sur ma nuque, tu me retenais, comme si tu avais peur de perdre ce moment, que les oiseaux s'envolent. Je te serrais contre moi, pour te rassurer, pour attendre l'automne, avec toi.

Avec ton autre main, tu rapprochais ton sexe de ma cuisse, déjà vibrant de demandes et d'inconnu. Et en collant tes lèvres sur mon oreille, en murmurant, tu m'as demandé de t'emmener. Je t'ai regardé, pour te sourire, puis nous sommes partis, les mains ensemble.

Cette nuit-là, au delà des bruits et des sentinelles, les échos de nos cris et les regards ont réduis à néant le reste de nos jours, à présent inutiles.

lundi 12 avril 2010

Vénus

Lorsqu'on est assiégé par la honte, et qu'on ne bande plus, ignoré par le Passeur, condamné à escalader les marches du dernier étage, mieux vaut arrêter tout de suite. De vivre. C'est impossible.

Tellement de gestes dans un si petit instant, sermons des promenades, près des peupliers et des cailloux. Dans l'attente lascive de la chute, près des lamentations. Les effluves inconnues se mélangent, et effritent celui qui ne fait que vouloir. Dans un profond chagrin, il se perd, et se cognent aux murs de sel, érigés des larmes de celle qu'il fait pleurer.

Il la prend, la force, la défait pour la reconstruire. Les jambes enroulée sur son dos, les yeux perdus à ne plus savoir, elle ne demande plus rien, juste qu'il finisse. Ses mains déchirent, arrachent sa peau rude, et lui la caresse, lentement, sur ses hanches. Il la fait crier jusqu'à plus soif, vidée de son âme, pour la mêler à la sienne.

Puis elle sourit, pour ne plus se rappeler, reprendre son souffle, et recommencer.

mercredi 7 avril 2010

Lapse

Les feuilles défilent. Il ne reste presque plus de temps pour y penser. Et seulement les remords remontent, les envies futures, les moments de soleil dispersés. Tout ce qui n'existe plus, et ce qui restera.

Les soirs de mai, près du jour, on entendra les sanglots des rêves imparfaits, les orgasmes incompris, et les histoires sans nom. Seulement pour faire beau. Et dans ce grand souffle d'hiver, il s'entendra penser à l'amour.

Mais bientôt, il n'en restera rien. Les yeux effacés par les Yeux, les mots effacés par les Mots, plus nombreux, en furie contre le monde, en manque de chaleur. Les lèvres sur son cou, ils tueront tout ce qui a été fait, pensé, et dit.

Ils s'arrêteront pour nous montrer leur desseins, leurs intentions pour l'amour, pour le crier. Prêts à tout pour se toucher, se prendre, brûler les envies et les tordre pour qu'il n'en reste que les os. Sans savoir vraiment qui sont ces inconnus qui les regardent, main dans la main, ils descendront dans le lac, près du parc où ils se sont rencontrés.

Et dans quelques années, las de vouloir trop aimer, il reviendra jouir dans l'ombre du souffle d'hiver.

jeudi 1 avril 2010

Arbre

Au sommet de cette pyramide, tu regarderas ton royaume, ceux qui ne te remarquent que par habitude, par surprise, ou tout simplement par ignorance. Ils te souriront par politesse, ou par gentillesse, et ils te supplieront de pouvoir te parler.

Pendant ce temps, je me ferai mélanger, battre par les regards de boue, et parler de sujets qui ne méritent pas de temps. Je me ferai engloutir sous les détails qu'on laisse aller les soirs trop clairs, et je mourrai dans la bouche entrouverte des morts, engloutis sous des inconnus décomposés depuis des siècles .

Les rires n'y changeront rien, et les paroles n'écriront rien de nouveau, seulement des épilogues secs et dures.

Et je t'aimerai en secret dans les marécages, te regardant sortir pour profiter du soleil, et mes songes t'envahiront jusqu'à ce que tu délaisses la vie pour me rejoindre dans les champs. Mais je ne te laisserai pas faire, car je partirai bien avant pour te laisser rêver en paix.

mardi 30 mars 2010

Les journée noires (ajout)

Je vois trop de détails pour devenir aveugle. Mes yeux ne se laissent pas faire. Ils voient chaque courbe, chaque trait, chaque mèche, comme un dessin au fusain du 19e. Mes yeux se laissent prendre par mes doigts qui goutent au supplice, et ils finiront crever, lorsque je pleurerais du sang, mort d'amour, et heureux.

lundi 29 mars 2010

Les journée noires

Je rêve que je suis aveugle.

Je ne vois rien, et je me rends compte qu'on ne m'a laissé aucun temps pour me créer des repères, compter les marches, imaginer les portes, et mieux sentir le vent. Tout ça, je le découvre dans le noir, isolé sur une falaise.

Tout ce que je voulais, c'était oublier qui j'étais, pour l'oublier, elle. Ne plus savoir à quoi elle ressemble. Laisser bercer la mer et se fier à elle pour raconter ce qui se passe, pour savoir la vérité. Et éventuellement aussi, devenir sourd, pour ne plus jamais entendre sa voix, qui dit mon nom.

Mais cette cécité est pire que je ne l'aurais pensé. Car je la vois mieux qu'avant. Ses yeux brillent encore plus fort dans les tâches mauves de mes paupières que lorsqu'elle était devant moi, ses yeux fixés dans les miens. Je dois mourir. Pour que ces images disparaissent, qu'elles me laissent en paix, dans mes trous de mémoire et mes souvenirs inventés.

samedi 27 mars 2010

pas sages

J'aurais envie.
Tes lèvres entre mes doigts, serrées par l'envie pressante de te faire jouir, de voir tes yeux se fermer, tes mains se tordre sur mon dos, témoin de tes jambes incontrôlables, de ton souffle défaillant.

Ton ventre ondulant sous ma main, pour te retenir sur moi, pour te rassurer par mes mouvements, nouveaux pour ton oeil, de ce qu'il a connu et retenu dans les dernières années, forcé par l'habitude des fluides.

Passer des heures sur l'intérieur de tes cuisses, pour se rendre vers tes yeux inquiets, courbés par la parure du tangible, du rêve et du mystère. Des suites insoutenables, les sauts de tes envies, proches du destin de l'incompris, si bon au goût. S'enlever la vie pour te voir à un seul endroit, sous moi, prête à mourir plutôt qu'à t'éloigner de mon ventre, soudé par tes yeux, défaits et malheureux.

Je serai près de toi, pour assouvir tes mains de délits, pour battre le soldat de plomb, et enchaîner ensemble les deux étrangers, pour les rapprocher du soleil, bientôt mort.

Schéma

Comme toujours, mais plus que d'habitude, aujourd'hui, j'ai pris le temps de regarder les gens. De trouver leurs manières, d'essayer de les cerner en moins de 5 secondes, juste en les entendant dire une phrase, ou un mot.

Évidemment, je ne prétend pas cerner une personne fondamentalement. En surface seulement. En fait, je cerne ce qu'il projète, et non ce qu'ils sont en vérité. Dans les premières rencontres, personne ne projète vraiment ce qu'il est au plus profond de soi. Je ne crois pas en tout cas. Donc nous voyons des autres ce qu'ils veulent bien nous montrer, en mentant ou non, à leur guise. Mais bon.

Donc prenez ce monsieur par exemple. Il était assis sur les marches de l'entrée d'un appartement, rue Ontario, près d'un dépanneur. Au moment où je suis passé près de lui, j'ai pu entendre

- Un bon café et une bonne cigarette, et un beau soleil, c'est juste ça qu'ça prend.

sur un ton tout à fait convaincu et détendu. Je me suis tout de suite dit que ce monsieur en question avait probablement vécu de terribles épreuves dans la vie. De grands défis, qu'il avait subis sans que cela ne soit de sa faute, ou si peu, et qu'il avait dû affronter les conséquences, car c'était perdu d'avance. Maintenant qu'il était sorti d'affaire, en ayant tout perdu, il profitait de chaque moment, de chaque bouffée, comme si c'était la dernière que le soleil allait faire vibrer dans ses yeux à travers la fumée.

Je suis peut-être dans le champs, probablement en fait, mais c'est ce qui est merveilleux de la non-rencontre. De limiter une relation au simple contact des yeux, à quelques paroles, ou à quelques gestes. Sans que tout cela ne soit gâcher par des mots inutiles et maladroits. En nous faisant notre propre opinion de la personne et en créant son histoire, c'est notre personnalité qui en ressort grandie de cette réflexion, de cette différence, créé de toute pièce, par nous-même.

Mais à l'inverse, essayer de connaître quelqu'un fondamentalement, c'est beaucoup plus complexe, et beaucoup plus stressant. Cela relève de l'amour. Et ça étourdi l'amour.

vendredi 26 mars 2010

Août

On roulait depuis un bon moment déjà. Le soleil plombait sur le tableau de bord, il devait faire au moins 25 degrés, un temps sec, avec un léger vent qui faisait parfois frissonner.

Elle avait les pieds ramenés sur le siège, et la tête presque sortie de la voiture, les yeux dans le vent, tout sourire de n'être qu'une parcelle de cette vie, jaune et chaude, amoureuse. Je lui jetais sans cesse des regards, pour mettre à jour le plus souvent possible cette image que je ne voulais pas perdre. Son sourire, au ralenti, ses cheveux qui se bercent sur ses épaules, que j'avais tant pris contre moi le matin avant qu'elle ne se réveille, pour l'embrasser.

Un air de Sam Roberts jouait à tue-tête, et elle plaquait les accords sur mon bras, en riant. Je l'ai tout de suite embrassé, fort, pour m'assurer qu'elle ne me quitterait jamais, qu'elle ne dirait jamais qu'elle en aime un autre, et pour lui montrer que je lui donnerais mon coeur toute ma vie, si elle voulait seulement continuer à me sourire un peu.

Qu'avait-elle qui m'attirait tant? Qu'est-ce que je faisais, avec cette fille, que j'avais connu une journée d'orages, et que j'avais jusqu'alors seulement imaginée, peinte, écrite, et que j'avais oubliée dans les fantasmes de papier. Elle ne pouvait pas être avec moi. Une amante qui me chevauchait le matin en m'arrachant la peau avec ses mains, qui m'allumait comme un adolescent les soirs flous, et qui continuait à me laisser tomber de ma falaise préférée, avec ses yeux qui demandent pardon.

Durant le trajet, on s'est arrêté plusieurs fois, pour s'embrasser, et faire l'amour, et on s'est même promis de rester amoureux, pour vrai.

mercredi 24 mars 2010

Discipline

Je voulais seulement qu'elle parte. Maintenant qu'elle avait sali mes draps de son odeur, une odeur mêlée, à laquelle je ne m'habituais pas, il ne restait pour elle qu'une option, s'en aller.

Je me revois encore lui flatter le dos, alors qu'elle revient vers le lit, nue, grelottante, après avoir expulsé tous les restants d'hier.

Au dessus d'elle, je regardais le vide du bain, sale, en l'entendant sangloter. Elle se mettait le doigt dans la gorge, à genoux devant la toilette, les mains essayant de retenir ses cheveux bruns, et le néon lui donnant des allures de junkie.

J'étais en elle quelques minutes plus tôt. Elle avait trop bu, et moi, je faisais semblant d'avoir trop bu, pour être intéressant, et idiot. Elle m'avait chuchoté qu'elle ne voulait pas dormir seule. Elle m'apparaissait déjà presque morte, froide de toutes ces nuits en pleurs et de ses cris silencieux. Je l'avais emmenée chez moi, en lui tenant la main, pour la tenir droite, mais aussi pour en finir au plus vite. Je lui ai enlevé son pantalon, puis sa culotte. Elle s'est retrouvée nue, avec son manteau, sa tuque et ses bas. J'avais presque envie de la prendre en photo. Puis elle a commencé à m'embrasser, en me guidant déjà en elle. Je voulais déjà qu'elle parte. Aussitôt que j'ai jouis, à peine sept minutes après qu'elle eût enlevé ses bas, elle s'est levé, et elle a couru aux toilettes la main sur la bouche. Et sans s'en rendre compte, elle apportait même le condom avec elle.

Je lui flattais les cheveux machinalement. Il fallait que je lave mon bain. Aussitôt qu'elle partirait, que la porte se serait refermée, je laverais mon bain, avec le produit aux pamplemousses que j'avais acheté la veille, puis j'irais me coucher, après une bonne douche. Je me levais de bonne heure le lendemain.

lundi 22 mars 2010

La main sur le cul

C'était le troisième pot que je m'enfilais, en crachant par terre la dernière gorgée qui aurait été trop amer pour la suite des évènements. Pendant que je scrutais les environs à la recherche d'une fille que j'avais déjà vu quelque part ou baisée dernièrement, celle qui avait fait semblant de m'accrocher entre les deux chiottes un peu plus tôt se tenait droit derrière moi, la main directe sur mon cul, tout sourire. Elle attendait seulement que je me retourne pour réagir. J'ai attendu un peu avant de me retourner, comme si avoir une main sur mon cul faisait parti de mon quotidien, et que cette main avait quelque chose de régulier, de normal.

Je me suis retourné lentement, très lentement, pour accuser encore plus le geste qui me semblait sortir d'une attente longue et jouissive. Et tout s'est arrêté. La musique, les fréquences qui donnent mal au coeur, et les sourires de rien.

Le silence, dans ce tourbillon de culs, de mains et de langues, connus et inconnus, mêlés dans une passion vulgaire et désespérée.

Juste un sourire, inoffensif, timide, presque prêt à embrasser. Elle sentait bon, j'avais chaud. Je l'ai approchée de moi, doucement, la main sur la taille. Je lui ai offert un verre qu'elle a bu d'un trait, sans me quitter des yeux. On s'est ensuite enfilé trois shooters qu'elle a bus d'une façon presque perverse, en sortant sa langue pour ramasser les gouttes qui rendaient le doute crédible. Elle n'a pas dit un mot, la main bien rentrée dans ma poche arrière. Elle m'a seulement parlé dans les yeux, l'épaule dénudée qui demandait, et l'ascendant qui faisait pression.

Puis je l'ai embrassé, les yeux presque ouverts, tellement doucement que ça ne se passait pas. Sa langue sur ma lèvre inférieure, elle passait maintenant sa main sur ma nuque, pour m'inviter, et me donner la permission. Nos lèvres se touchaient en se cherchant, passant par les vestiges des amours perdus, et je lui murmurais le souffle que je retenais depuis que je l'avais vue.

Nos bouches se collaient, presque durement, essayant de rattraper le retard des premières fois oubliées, et des mensonges. Elle me faisait mal, avec ses yeux trop verts qui aspiraient la lumière disponible, prête à mourir pour la prochaine minute.

Je ne savais pas quoi lui dire, mais je savais que je l'emmènerais dans mon ciel si intensément qu'elle en mourrait de cris, de rires et de larmes.

lundi 15 mars 2010

Cri

Longtemps j'ai pensé que j'étais fou. Une peu en marge, sur le rebord de la falaise. Mais elle me ramenait toujours sur la route lorsque j'étais sur le point de tomber.

Je devais marcher depuis quelques heures maintenant. Il faisait sec et froid. Juste assez froid pour avoir les joues qui picotent. Je pensais à tous ceux qui avaient donné leurs vies, tous ceux qui avaient arrêter d'exister, au même moment, tuant tout ce qui avait été dit, fait, et entendu. Tout ça n'existait plus maintenant. J'étais seul. Avec ma tête et son coeur.

Le sang commençait à épaissir. Ça collait sur mes doigts. Mais je le tenais bien serré dans ma main. Je pouvais même encore le sentir battre, faiblement, mais je le sentais. Il était si rouge, si clair, et charnel. Il réchauffait ma main, encore chaud d'amour.

J'avais froid. Il fallait que j'y arrive. Il le fallait. Je lui avait promis, avant de lui arracher. Je devais aller porter la chair de sa chair dans la mer. Le lancer le plus loin possible, dans le creux du remous, puis qu'il se fasse dévorer par la cime, et déchiqueter par les requins.

Je pensais à ses yeux, qui avait versé une dernière larme. Le ventre ouvert, elle me suppliait de l'aimer encore, de se rappeler d'elle, belle, comme elle était, avant. Avant que tout finisse, et change.

Avant d'être arrivé devant l'horizon, je me suis écroulé de fatigue, et de froid. Ouvrant les yeux une dernière fois avant ma mort, je vis que le coeur battait, fort.

jeudi 11 mars 2010

Défibrilation (ou choc au coeur)

Oui, je sais. J'avais promis. Je me suis démasqué, de mon plein gré, pour vous prouver ma bonne foi. Mais je dois revenir sur mes mots... Mais chose certaine, l'amour a eu raison du sexe.

Je me suis perdu en cours de route, égaré entre trois rivières, profondes et meurtrières. Mais je suis arrivé en amont, et j'ai de l'eau à perte de vue maintenant, devant moi. Et ne pensez pas que je suis facile, que je prends tout ça à la légère. Je n'ai jamais pris une décision en étant aussi convaincu en fait.

Oui. Je plonge. Peu importe ce qui arrive, peu importe les morts, les blessés, je soulèverai la belle, endormie dans mes bras, morte de peur, épuisée de chagrin, et je la déposerai sur la montagne, au sommet, loin des canons et près des fleurs. Le printemps sera là, avec l'eau, tout près du feu, et l'orchidée, complètement blanche, s'enfuira en pétales dans les eaux glacées des geysers. Du haut de la maison de pierres que je construirai, elle gardera son regard vers le large, soupirant d'envie, et criant sa folie.

Les images figées dans l'absinthe ressortiront pour mieux nous tuer, les matins n'existeront plus, seulement la nuit et les cris, les doigts et les sourires.

Près d'une fontaine, on entendra les pas de la belle, encore endormie. Les pieds dans l'eau, elle saura alors qu'elle n'a pas rêvé.