lundi 26 avril 2010

Écrit fictif immoral.

D’avoir été son amant ne m'avait rien apporté. Chaque fois, je venais en elle, et alors qu'elle était toujours étendue, nue, sur les draps entremêlés, je mettais mon pantalon en m'essuyant, et je marchais déjà vers la porte. Elle restait là, immobile, en sueur, les yeux presque encore fermés par l'effort, comme endormie, sans avoir le temps de dire un seul mot, tout au plus de soupirer. Seule une larme venait à m’atteindre, avant que je claque la porte, net.

Depuis dix ans, je glissais sur des femmes qui m'étaient totalement indifférentes. Mais elle avait été ce qui était le plus près d’Elle. Ce qui lui ressemblait le plus. Avec ses seins, le mamelon bien ressorti, bien pris entre mes lèvres, frissonnant au moindre contact de lumière. Et elle ne pesait rien, de sorte que je pouvais la posséder contre le mur avec un seul bras, sous les fesses, en lui tenant la nuque pour bien plaquer sa bouche contre la mienne, et pouvoir la boire.

Mais comment, donc, en étais-je arrivé à revenir vers elle. Et pourquoi prenais-je le temps de la faire sentir aimé. Je lui soufflais des mots avec une douceur que je n'avais jamais eue, même en amour. Mes yeux envers elle étaient plus amoureux encore que dans une baise de rupture. Et mes doigts étaient plus curieux que lors de ma première fois.

Et je revenais irrémédiablement vers elle, vers son sexe. Je crois que, en la possédant, je voulais sentir ses yeux me regarder avec admiration, se poser des questions, ne pas comprendre le personnage. C'était peut-être pour moi, que je la baisais. Mais elle, elle ne m'apportait rien. Sinon peut-être des larmes.

dimanche 25 avril 2010

Latent

Les saisons se sont mélangées, et aucune différence n'existe entre elles présentement. Tout pour gagner un peu de lumière.

La tête dans le ciel et les yeux dans les nuages, je respire ton odeur jusque dans mon oreiller, à la recherche de souvenirs inventés, de moments perdus à jamais, dans le bas de l'escalier blanc, en attendant la faux.

Comme nulle part, et pour toujours, les images arriveront par centaine pour me faire croire aux esprits, avec les coeurs, heureux de n'être que rouges.

Les couleurs se rassembleront pour graver sur mon bras ce qui est vrai, et ce qui ne s'est jamais passé. Car dans ma tête, il y a et il y aura toujours les images de ceux qui sont morts de chagrin, perdus dans les détours de tes hanches.

samedi 24 avril 2010

Cerca de tu corazón

Tu dois déjà y être à l'heure qu'il est. Comme à jamais d'ailleurs..

Pendant une nuit, pendant un réveil, ou juste un matin. Crier aux loups juste une fois, pour tout briser, tout démolir, dans le seul espoir de nous faire prendre. Tomber de très haut et vouloir mourir, imaginer le pire, et s'en foutre.

Surtout ne jamais écouter ce que je dit, ou ce que j'écris.

Je me suis arraché la peau sur le sable, et j'ai pensé aux étoiles, pour essayer d'oublier, un peu. J'ai compté les moutons, crier aux loups, ou aux coyotes plutôt, et j'ai goûté au turquoise. Sur les gravats, je me suis assis, et j'ai pris conscience du temps qu'il me restait, à contempler la mer, le soleil, et les oiseaux. Ce portrait, je l'ai déposé, pour que rien ni personne ne puisse y toucher. Quoi qu'il advienne.

Et dans plusieurs années, on trouvera une roche toute rouge, faite en corail, et l'on saura que j'ai aimé.

vendredi 16 avril 2010

Les sentinelles

Nous étions plus jeunes à l'époque. Encore saoulés par l'amour des premiers jours, des nuits blanches de découvertes et de langues, des poèmes insensés sur les parties du corps et des phrases dites sans raison.

C'était la première fois que je t'avais donné rendez-vous. Nous nous étions vus souvent, avant cette soirée, mais il y avait toujours eu ce quelque chose de plus formel, une barrière de concessions et de convenances. Mais ce rendez-vous était spécial, tu avais dit oui sans hésiter, en offrant tout de suite d'apporter la bouteille, tu m'avais laisser choisir le resto, et tu avais pris congé le lendemain, pour en profiter que tu disais.

C'était en août, et le temps était encore relativement doux. C'était une soirée noire, sec et chaude. Tu es arrivé avec une petite robe rouge et blanche retenue par deux minces bretelles, déposées sur les fines courbes descendantes près de tes épaules, celle de droite cachant un grain de beauté, accentuant le désir que j'avais de cacher mon souffle dans le creux de ta nuque, puis derrière l'oreille, te faire soupirer de frissons. La robe laissait paraître ton dos, rose, que j'imaginais déjà couvrir de baisers et de mots, jusqu'au matin, dans une chambre inconnue, toute en blanc et en couvertures, coupé de tout, où seule l'orangé pourrait nous sortir de cette dimension, ni vivants ni morts.

Tes yeux brillaient, et en souriant, tu avais cette petite ligne près des yeux qui prouvait que ce rire était sincère, et fébrile aussi. Tu m'as embrassé sur la joue, en prenant mon bras, tellement doucement que mes jambes ont fléchis. Mais tu avais cet espèce de voile, ce questionnement, que je n'arrivais pas à cerner, pour l'instant.

Nous étions sur le pavé, rue Duluth, et les lanternes faisaient miroiter le jaune et le rouge dans tes pupilles. Avant d'entrer dans le restaurant, tu m'as pris la main pour m'arrêter. Tu m'as légèrement tirer vers toi, pour que je me retourne, et tu t'es avancé, très lentement. Ta robe rebondissait presque sur ta poitrine qui retenait un cœur que je sentais complètement affolé. Ton souffle réchauffait mes lèvres sèches. Tu n'as pas détourné ton regard de mes yeux une seule fois, et tu t'es encore approché. Je sentais sur moi la pointe de tes seins, tu étais chaude, mais tu frissonnais, et tout s'est enveloppé autour de nous. J'ai déposé ma main sur ta hanche, pour te coller sur moi, pour t'inviter. Tout s'est évanoui.

Puis tu m'as embrassé.

Très doucement, juste en déposant tes lèvres. Tes doigts sur ma nuque, tu me retenais, comme si tu avais peur de perdre ce moment, que les oiseaux s'envolent. Je te serrais contre moi, pour te rassurer, pour attendre l'automne, avec toi.

Avec ton autre main, tu rapprochais ton sexe de ma cuisse, déjà vibrant de demandes et d'inconnu. Et en collant tes lèvres sur mon oreille, en murmurant, tu m'as demandé de t'emmener. Je t'ai regardé, pour te sourire, puis nous sommes partis, les mains ensemble.

Cette nuit-là, au delà des bruits et des sentinelles, les échos de nos cris et les regards ont réduis à néant le reste de nos jours, à présent inutiles.

lundi 12 avril 2010

Vénus

Lorsqu'on est assiégé par la honte, et qu'on ne bande plus, ignoré par le Passeur, condamné à escalader les marches du dernier étage, mieux vaut arrêter tout de suite. De vivre. C'est impossible.

Tellement de gestes dans un si petit instant, sermons des promenades, près des peupliers et des cailloux. Dans l'attente lascive de la chute, près des lamentations. Les effluves inconnues se mélangent, et effritent celui qui ne fait que vouloir. Dans un profond chagrin, il se perd, et se cognent aux murs de sel, érigés des larmes de celle qu'il fait pleurer.

Il la prend, la force, la défait pour la reconstruire. Les jambes enroulée sur son dos, les yeux perdus à ne plus savoir, elle ne demande plus rien, juste qu'il finisse. Ses mains déchirent, arrachent sa peau rude, et lui la caresse, lentement, sur ses hanches. Il la fait crier jusqu'à plus soif, vidée de son âme, pour la mêler à la sienne.

Puis elle sourit, pour ne plus se rappeler, reprendre son souffle, et recommencer.

mercredi 7 avril 2010

Lapse

Les feuilles défilent. Il ne reste presque plus de temps pour y penser. Et seulement les remords remontent, les envies futures, les moments de soleil dispersés. Tout ce qui n'existe plus, et ce qui restera.

Les soirs de mai, près du jour, on entendra les sanglots des rêves imparfaits, les orgasmes incompris, et les histoires sans nom. Seulement pour faire beau. Et dans ce grand souffle d'hiver, il s'entendra penser à l'amour.

Mais bientôt, il n'en restera rien. Les yeux effacés par les Yeux, les mots effacés par les Mots, plus nombreux, en furie contre le monde, en manque de chaleur. Les lèvres sur son cou, ils tueront tout ce qui a été fait, pensé, et dit.

Ils s'arrêteront pour nous montrer leur desseins, leurs intentions pour l'amour, pour le crier. Prêts à tout pour se toucher, se prendre, brûler les envies et les tordre pour qu'il n'en reste que les os. Sans savoir vraiment qui sont ces inconnus qui les regardent, main dans la main, ils descendront dans le lac, près du parc où ils se sont rencontrés.

Et dans quelques années, las de vouloir trop aimer, il reviendra jouir dans l'ombre du souffle d'hiver.

jeudi 1 avril 2010

Arbre

Au sommet de cette pyramide, tu regarderas ton royaume, ceux qui ne te remarquent que par habitude, par surprise, ou tout simplement par ignorance. Ils te souriront par politesse, ou par gentillesse, et ils te supplieront de pouvoir te parler.

Pendant ce temps, je me ferai mélanger, battre par les regards de boue, et parler de sujets qui ne méritent pas de temps. Je me ferai engloutir sous les détails qu'on laisse aller les soirs trop clairs, et je mourrai dans la bouche entrouverte des morts, engloutis sous des inconnus décomposés depuis des siècles .

Les rires n'y changeront rien, et les paroles n'écriront rien de nouveau, seulement des épilogues secs et dures.

Et je t'aimerai en secret dans les marécages, te regardant sortir pour profiter du soleil, et mes songes t'envahiront jusqu'à ce que tu délaisses la vie pour me rejoindre dans les champs. Mais je ne te laisserai pas faire, car je partirai bien avant pour te laisser rêver en paix.