samedi 29 mai 2010

Sentir l'hiver

À peine arrivé, je soulève ta jupe, tes cuisses prêtes à se souvenir. Lentement, dans le corridor de ton entrée, je te déshabille, sous tes yeux de morale, et je te prends, dans la lumière de la cuisine. Je te goûte, comme si rien n'existait, et les yeux dans le vide, perdu dans le vertige du retour, je retourne en toi, toi, bien là, souriante, sous le poème des sages, et des vilains, dans les vertiges d'autrefois, et du futur, de ce qui ne se passera pas.

Dans la fuite, tu te berces sur moi, les mains hors de prix, pleine de remords, jalouse de ne pas avoir le bleu si bleu, les mots couverts, noirs, comme tout le reste.

Je la retournais comme je voulais. Elle criait, mais elle ne jouissait pas. Elle n'avait jamais pu. Je la croyais, mais évidemment, je ne voulais pas m'y résoudre. Alors inévitablement, lorsque son souffle se faisait plus court, je la regardais intensément dans les yeux.

Prêt à tout pour une parcelle de noir, dans ces mouvements qu'on a tous trop vécus. Il y a ceux qu'on voudrait, plus que tout, posséder au-delà du rêve et des attentes. Dans tous ces cris, aucun n'est vrai, l'heure panique, et le coeur abandonne.

Avec ces calmants, je prends ce qui me reste de temps pour te lire, et sans raison, je prie pour qu'on me ramène dans ce grand manteau blanc, qui calme les aigus, assombrit les erreurs, et dilue le sang.

Attendre, tout près, avec une bouteille, et des ambitions. Et dans le néant, dans les sifflements des nuits d'après-midi, il n'y aura rien d'autre qu'un long corridor, vide.

mardi 18 mai 2010

«Tu m'as-tu dit fuck you?»

Personne n'est à l'abri.

Tant que tout avance, que ça se déroule comme prévu, ou presque, c'est de la chance si on veut avoir les indices.

Se comprendre, se complaire, se satisfaire de.

Dans l'attente, je suis allé marcher, faire comme d'habitude, et essayer de paraître comme je voudrais, dans l'attente de la pluie pour rendre ça moins pathétique, davantage pellicule, plus différent au moins. J'avais cet envie de tuer, de me jeter à l'eau, de regarder les roches sur lesquelles j'avais marché, presque sans raison, presque. Presque normal, presque oublié(e).

Jamais de la vie, j'ai oublié, déjà, ça revient, du pensé et du repensé, qui dure éternellement, et dont je suis habitué.

Avec cet peur de solitude, et ce désir, c'est de l'amour? Non. C'est de l'astrologie.

jeudi 13 mai 2010

Pendant tout ce temps...

«Soumis à un test d'imagerie magnétique fonctionnelle, des sujets très sensibles ont montré une activation cérébrale plus intense dans les parties du cerveau liées au traitement de l'information visuelle que les autres. Grâce à l'étude expérimentale publiée dans le numéro de mars 2010 de Social Cognitive and Affective Neuroscience, on sait désormais que ces personnes accordent plus d'attention aux détails, mettent plus de temps à prendre une décision et sont facilement ennuyées par les «conversations de couloir».

Grâce à des études précédentes, on savait déjà que les gens sensibles sont souvent timides et introvertis, qu'ils sont plus facilement effrayés, qu'ils sont davantage affectés par la caféine, qu'ils n'aiment pas le bruit ni les foules. Les enfants pleurent facilement, ont des pensées profondes et posent souvent des questions inusitées. Parce que leur sensibilité semble générale, ils ont tendance à observer avant d'agir.

Est-ce perdant d'être sensible? Pas du tout, s'entendent les biologistes. Si les individus sensibles - que l'on trouve au sein de plus de 100 espèces animales - sont toujours minoritaires, ils présentent un avantage évolutif dans des situations potentiellement dangereuse, au moment de faire un choix difficile ou lorsque l'occasion demande de l'ingéniosité

lundi 10 mai 2010

Into the sun?

Je me suis réveillé. Pour la première fois depuis des années, j'ai vu la couleur du plafond. Sans parler, j'ai pris conscience d'où j'étais. Je n'avais pas bougé, j'étais à la même place. Étendu sur ce matelas dur et humide, je n'étais recouvert que d'un drap mince, et presque blanc, portant encore les taches de ma puberté.

J'ai crié pour que quelqu'un vienne, et m'explique. Pour que quelqu'un m'aide à me réveiller, encore, et que je sorte de ces rêves en poupées russes.

À force de plier les genoux, on ne peut plus se relever. Les mains salies par tout ce sang, je les essuyais pour que personne ne les voit, ou ne le sache. C'était mon secret, entre moi et les morts.

Quand on m'a emmené dans la fontaine où je voulais mourir, j'ai tout de suite pensé à elle, à ce qu'elle m'avait dit, et montré. Mais tout ce que je me souvenais, c'est que je devais mourir, pour qu'elle en garde le souvenir que je lui avais fabriqué, encore remplie d'incertitudes et de fantasmes.

Plus loin dans le temps, on se souviendrait de moi comme je voulais être; incomplet.

jeudi 6 mai 2010

Mirrorball

«And we took the town to town last night
We kissed like we invented it
And now I know what every step is for
To lead me to your door
Know that while you sleep
Everything has changed»

dimanche 2 mai 2010

Petit soleil

Comme pour te dire une promesse petit soleil. Sans la tenir, mais essayer.

Tu avais encore le doigt sur ma fesse gauche, et je dormais, en faisant semblant. Juste le temps que les mèches, bien placées malgré les élans, retombent sur tes yeux. L'oreiller presque déchiré sentait les fruits, témoin des cambrures, des coups et des orgasmes.

Tu soufflait sur mon oreille, et tes cheveux me réveillaient doucement avec l'odeur du blanc, du néant arrosé de roses, et le blond ramenait en pensée les regards qui n'en finissaient pas.

Toute la journée se passait au lit. Le soleil n'était qu'un passager qui repartait bien vite, prêt à s'éteindre pour l'ambiance. Tu riais, impossible à mentir et à cacher. Ma tête appuyée sur ta cuisse près de ton sexe, encore chaud et pris de spasmes, je caressais la ligne du fleuve, creusée après une vie de sorties en mer, incomprise et déchaînée par les vagues meurtrières des aurores. Seulement des corps qui brillent de sueur, des langues et des lèvres rougies par l'ardeur. Des images flous, des gestes qui ne s'ennuient jamais, comme des promesses à répétition.

Assise près de la fenêtre, le son qui s'échappait du mur vide accentuait tes soupirs. Tu paraissait dès lors plus jeune, presque complètement inconnue à cette vie, comme si tu n'avais jamais accepter de venir sur moi, pour te coller sur mon ventre en mordant mon épaule, les yeux noirs, malade de remords et de pitié. Mes étreintes n'y changeait rien.

Il te retrouvais nue, en pleine nuit, debout devant le miroir, à pleurer, te demandant si tu avais choisis le bon regard. Il flattait tes hanches, ta peau froide, si blanche, parfaite. Et tu le regardais pour le consoler de ne pas te croire.

Tâché de sang, battu, violé, puis sauvé par mes amours imaginaires. Tout le temps, à jamais, sans regarder derrière, nous avions compris, et j'étais bien là, seul, comme dans un film.

(...)