mardi 1 février 2011

J'y suis

Je suis passé devant chez elle l'autre nuit. J'y ai seulement vu une lumière. C'était assez. Assez pour me faire penser aux pires obscénités, aux pires vices, qu'elle-même n'aurait jamais pensé à faire, que sa peau ne pouvait supporter, que ses lèvres ne pouvaient entrevoir. Elle pouvait seulement l'écrire, et encore. Elle était trop blanche.

Se faire prendre, sur la voûte du salon, bien à la vue des passants, les seins rebondissant sur le cadre, près du divan où je m'étais assis, près des peintures que je lui avais dessinées, près du foulard que je lui avait honteusement volé, pour sentir ses courbes. Que lui avait la chance de tenir, de se les faire donner, de les prendre sans retenue, de les coller et de les recoller sur lui, avec le sourire d'un pervers, d'un insensible qui ne l'aime pas correctement, qui la retient avec des yeux qui ne veulent rien dire, des mots vident à peine audibles, des mains froides et hypocrites, qui ne savent pas et qui copient, je ne sais pas.

Ne plus y penser. Je voulais seulement la voir elle, sur moi, pour qu'elle constate, qu'elle voit, à quel point je l'aime, à quel point elle jouis, sur moi, que je sais la prendre, que je lui fais ce qu'elle aime, sans m'en rendre compte, parce que je la lis, je la défais, je l'avale, je lui prend tout ce qu'elle a, pour la vider, pour qu'elle n'ait pas d'autre choix que de se retenir à moi pour survivre et pour que le battement continue, se coller à ma fréquence, seulement des yeux qui me photographient, qui me demandent de ne pas mourir de chagrin à leurs réveils.

Du soleil l'éblouit, appuyée sur son épaule à lui, devant tout le monde, devant ces sourires, ces habitués, qui ne demandent rien, mais qui veulent tout, et qui ne veulent rien d'autre. Les reflets ont du mal à passer, faisant seulement ressortir le bleu, auquel j'ai tant résisté, pour rien, pour les autres, pas pour moi. Seulement pour laisser le marbre refroidir, sans casser, laisser les poèmes inachevés, les paroles non conduites, les orgasmes dans les frissons.

Elle se colle, se pense, sourit, sans y être, moi non plus.

Les soirs plus longs, je lui écrit. Tout ce pourquoi je la connais.

Pourquoi je l'aime, dans le noir.

Dans le noir sur blanc. Prêt à être effacé, et oublié.

Aucun commentaire: