dimanche 1 mai 2011

Nus pieds

Elle a glissé son bras dans l'espace qui restait. Doucement, tout doucement, pour continuer la marche, pour ne rien ralentir, parce qu'elle voulait que je sois bien, que je souris, que je ne dise rien, que je continue à avancer, à la seul différence que j'ai le regard droit, et fier.

L'insomnie commençait à me faire mourir un peu. Les quelques heures où j'arrivait à dormir étaient ponctuées de spasmes, de chutes d'escalier, de réveils en sursaut, trempé, exténué, comme si j'avais couru un marathon. J'avais dormi cinq minutes. C'était assez. Je me levais, je mangeais, brièvement, puis j'allais marcher. Je pouvais marcher pendant des heures, des jours entiers, parfois à regarder par terre, parfois au loin, parfois dans le ciel. Plein de façon d'avoir l'air complètement différent. Malheureux, rêveur, ou se résiliant à la mort. Tout ça, c'était faux. Il faut dire que j'avais le temps d'élaborer le personnage.

Mais avec tout ce temps, je n'en perdais plus assez.
J'avais trop de temps.
Trop pour en profiter.

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