mardi 4 novembre 2008

Nuit d'hiver

Elle portait un long manteau qui lui arrivait aux chevilles. Les quelques gouttes qui étaient restées collées à la pointe de ses cheveux tombaient lentement sur le tapis qui les absorbait d'un coup. Ses mains semblaient gelées, rougies par la neige qui fondait au contact de la peau.

Il faisait noir depuis longtemps, et le seul bruit que l'on entendait provenait du camion qui ramassait la neige, quelques rues plus loin. Les flocons qui tombait semblaient absorber le temps, rendant le son sourd et flou.

Elle n'alluma pas la lumière tout de suite. Le lampadaire de la rue éclairait le côté de son visage et lui donnait une couleur jaune, dorée, presque irréelle. Elle retira lentement son manteau, sans me quitter des yeux.

Un infime bourdonnement sonnait dans mes oreilles, égalisant les bruits éparts. Comme elle s'approchait, j'enlevai ma tuques, laissant apparaître mes cheveux, mouillés et entremêlés par le froid. Elle glissa sa main, puis sur mon oreille, comme pour la réchauffer. La laine de son chandail dégageait une chaleur douce, qui me fit soupirer.

La maison était toujours plongée dans le noir, dans un fascinant et bruyant silence. Toutes les discussions semblaient être inutiles. Seuls nos respirations, de plus en plus rapide, enveloppaient la chaleur. Elles devenaient notre langage par sa vitesse, augmentant la tension.

Ses yeux en amandes avaient de grandes questions. L'immensité du ciel noir qui se dessinait m'envahit d'un grand vertige, presque jouissif. Le coin du ciel replié, elle montrait son sourire.

Les métronomes concordaient, le tempo était unique. Le sang remontait plus vite, il semblait perdu. Mes yeux devenaient vitreux, flous, ayant peine à le croire.

Son souffle devenait le mien, la chaleur de son ventre et de ses seins se rapprochait de mon torse froid et vierge. Les frissons éclatèrent de partout, brisant la cohésion de ma peau. La douceur qui s'échangeait portait sur elle un parfum de mûres. L'étreinte restait sensible, à l'écoute. Le parfum devenait plus intense, et les odeurs se mélangeait, ne se distinguaient plus.

Elle me donna le premier baiser, sur mon cou, et les anneaux de la collision se répandirent jusqu'à mon sexe, faisant éclater la mince et fragile barrière de la retenue.

Nos bouches se trouvèrent en peu temps. Sa langue rude et chaude cherchait le moindre frisson, la moindre émotion, mais il y en avait trop. Mes mains prenaient tout son corps, je me l'accaparait. Je lui prenait tout, et elle me le donnait. Sa pupille brillait sur mon oeil, le sourire déjà fatigué.

Ma bouche se promenait sur son corps. Je goûtais au plaisir, aux frissons, aux larmes. Nous réveillâmes le silence. Elle prit mon corps dans sa main, dans sa tête, et le noya. Je n'avais plus aucun contrôle sur ma pensée, sur mes actes. J'étais en transe. Dans un autre monde.

Elle enlevait le poids de mon corps. Je flottais sur elle, et elle flottait sur moi. À l'intérieur, le plaisir grondonnait, s'ouvrait.

Elle aspirait ma langue en me regardant avec ses grands yeux bleus, prête à mourir pour ce moment. Elle respirait si fort que le toit s'incurvait. J'avais entre mes mains ses fesses, puis son dos, lisse. Nous haletions comme des animaux en manque de sang. Sa sueur coulait sur mon front. Elle me consumait, me buvait. M'emmenait là où elle allait, où elle voulait aller. Et le tic tac arrêta, net.

Puis nous mourûmes. Tout devînt blanc. Sans bruit. Rien. Juste ses yeux. Bleus. Ses yeux bleus. Et sa langue. Et son dos si lisse. Cris. Plusieurs cris. Tellement fort. Tellement chaud. Assourdissant.

Puis nous nous écroulâmes. Mon âme était parti se réfugier dans son coeur. Elle était belle. Si lisse. Et mouillée. Le sourire d'un ange.

Elle revînt sur moi, et m'embrassa en souriant, avant de me tuer à nouveau.

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