samedi 15 novembre 2008

Nuit d'été

Il faisait si chaud.
Il faisait noir depuis deux heures au moins, et le bruit de l'eau enveloppait tout.

Nous étions assis depuis un bon moment, côte à côte, sans parler. Ce moment de silence était volontaire, comme un défi lancé à chacun. Comme une promesse de dépasser la limite du non-retour ensemble. De franchir la barrière délibéremment.

Sa main était sur ma cuisse. La chaleur mêlée au vent l'avait figée. La corde qui retenait sa camisole en place risquait de tomber à tout moment, fragilement retenue par la sueur de son épaule. Quelques mèches s'obstinaient sur son front, cachant le noir. Elles retombaient aussitôt qu'elle les replaçait derrière son oreille.

Ses yeux semblaient former un puit. Elle détacha mon pantalon, et glissa sa main. Ses yeux s'obscurcissent, et la corde de la camisole abandonna.

Elle vînt s'asseoir sur moi, et pris ma nuque dans ses mains, froides. Et elle m'embrassa, sensuellement, perversement. Sa langue me faisait mal, elle me buvait. Elle me tuait. Après un temps, elle s'enfonça.

Ses cuisses, douces et chaudes, se serraient contre mon dos. Elles glissaient sur la sueur. Le sexe sentait fort. Son désir en voulait plus. Elle me criait de lui faire mal. Elle voulait crier. Se saouler à mort. Se prendre pour une cocaïnomane. Crier et fermer les yeux. Se prendre pour un souvenir, penser au passé, sourire au présent, mais résister.

Elle m'embrasse par coups, elle veut gémir, mais je lui en empêche. Elle veut frapper, mais je la retient. Elle est soumise par je ne sais quoi, par elle sans doute.

Si on ferme les yeux, on est mort. On est vide. Elle est vide. Elle tue le moment. Elle brise la pellicule. Elle interrompt la musique.

Elle pense aux images multicolores, aux paysages qui n'arrivent qu'une fois, qu'une seconde. Ses mains en veulent plus, son va-et-vient n'en vient pas à bout, fatiguer de faire semblant, content d'avoir commencé, mais heureux d'avoir fini.

Elle me regardait comme une enfant malhonnête, se cachant de son propre rêve. Nos ventres étaient soudés, comme deux briques. Elle s'appuyait sur moi.

L'écho de ses cris revenaient en témoins. La lune projetait sur elle un voile, invisible.

Puis la forêt se réveilla, sans jamais avoir dormi pour autant.

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