dimanche 1 février 2009

Saint-Joseph

J'étais seul et je pleurais. J'avais pris soin de partir sans le dire à personne et sans que personne ne me voit. Sans sac, sans argent, sans rien. J'avais mes mains et mes rides, mon coeur et ma merde. Et j'étais dans une forêt beaucoup plus grande que moi.

Je criais depuis deux heures, et aucune réponse ne se faisait entendre. J'étais vraiment seul. J'étais bien. Accroupi contre les épines de l'arbre, je grelottais, nu, pensant à toutes les fois, tous les moments gâchés, la peur qui voulait sortir du ventre, le rire contre la tempe, prêt à sauter.

Le malheur envahissait l'odeur de l'herbe, les oiseaux me regardaient, sereins, immobiles, prêts à manger les restes. Toutes les secondes se faisaient rattraper par l'oubli, enveloppant l'air de blanc, et d'invisible.

Le froid s'attaquait à mes yeux, si bien qu'ils devinrent noirs, de honte et de peur. Je devenais fort, invincible, capable d'oublier, enfin. Mais la maison avait brûlé les restes. Et je pus mourir dans la dignité qui m'avait créée, devenue si vite inutile.

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