samedi 15 août 2009

L'autre bord

J'étais sur l'autoroute. 

Je roulais à au moins 125 quand je me suis mis su'l bord pour aller prendre une bouteille de vin déjà débouchée que j'avais gardée dans glacière dans valise, au cas. Je suis revenu au volant en prenant une bonne lampée d'un mauvais syrah, vinaigré et sec. Déjà un peu saoul, je fixais le miroir du dash en espérant voir une voiture dévier et s'enfoncer dans l'cul de mon char. 

Il faisait juste assez chaud pour que la goutte qui tombait sur mon front me brûle un peu. Le temps était jaune, pis ça sentait la pisse. Les champs étaient séchés, pis les quelques cadavres d'animaux qu'il y avait su'a route prenaient pas de temps à attirer les mouches.

Je serais rester là jusqu'à ce que je tombe endormi, ou jusqu'à ce que je me fasse arrêter. Mais au même moment où l'envie de me crosser commençait à me prendre, une fille a ouvert la porte passager pis a rentrée dans mon char. 

Je l'ai regardée, des cuisses jusqu'à bouche, pis j'ai pris une bonne gorgée. Celle-là avait comme plus le goût de cerises. La fille j'veux dire. Elle sentait bon les fruits. Comme un mélange de fruits des champs, incapable de dire si y'avait plus de fraises ou de mûres, mais a sentait bon en criss en tout cas. L'envie de me crosser s'était transformée en une érection bien remplie. Elle me regardait avec ses dents blanches en me saluant d'un bras doux et frêle. 

Je l'ai d'abord envoyer se faire foutre. Depuis quand le monde se permet d'embarquer dans un char qui n'est pas le sien, au milieu de l'autoroute, pendant que le propriétaire du char, assis à la place du conducteur étant donné que c'est le propriétaire du char et par conséquent celui qui le conduit si y'a pas de passager, se boit une bouteille au goulôt en sacrant contre les insectes qui sont collés dans le dash!

J'avais même pas finit la moitié des sacres que j'étais pour sortir contre elle qu'elle avait foutu le camp en laissant la porte à moitié ouverte. Je l'ai regardée marcher, d'abord pour voir son cul, mais aussi pour voir si elle allait se retourner. Mais non. Elle marchait dans le sens du traffic, attendant sûrement que je la dépasse pour se retourner et recommencer à faire du pouce, comme si elle pouvait déjà plus me regarder din yeux. Comme si ça allait créer un malaise. Ça avait pris 5 ans à Laurence avant de plus pouvoir me regarder en pleine face. Cette fille-là, ça avait pris 3 minutes.

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