samedi 6 décembre 2008

Défi

C'était il y a de cela très longtemps.

Ça devait faire deux mois. On faisait l'amour à tous les jours, parfois le matin. C'est tout ce qu'on espérait. C'est tout ce qu'on voulait. On se regardait, en s'embrassait à pleine bouche, les yeux remplis de lueur, et la langue amoureuse. Elle riait, elle jouissait fort, intensément, et elle disait qu'elle n'avait jamais autant aimé quelqu'un. Que personne auparavant ne l'avait comprise aussi profondément, ne l'avait regardait de cette façon.

Sa façon de dire les choses me fascinait. J'avais cette bizarre impression qu'elle était réellement en amour avec moi. Que ses attentions particulières avaient véritablement pour but de me rendre heureux.

Un matin que nous jouissâmes à l'unisson, elle me regarda, encore quelque peu sur l'orgasme, et elle dit, de tout son coeur, qu'elle serait prête à faire n'importe quoi pour moi. Je me retirai, et je la regardai pendant plusieurs secondes, cherchant le moindre mensonge, la moindre hésitation. Mais tout était vrai. Ses yeux étaient intactes, et cela me faisait peur. C'est là que tout a commencé.

À partir de ce moment, plus rien n'a été pareil. Même si je lui répétait que ce qu'elle disait était utopique, sans fondement sensé, propre aux rêves, elle continuait de répéter qu'elle ferait n'importe quoi. Vraiment? Vraiment. Moi aussi, j'aurais fait n'importe quoi, c'était évident, mais jamais je n'aurais pensé que cela irait aussi loin.

Je prenais plaisir à la faire souffrir. Je lui faisait seulement vivre les conséquences de ses paroles. Étant donné qu'elle était prête à tout, je lui dit pour commencer que se faire baiser par mes amis serait une preuve d'amour exceptionnelle, et qu'à mes yeux, elle serait la femme la plus aimante que je connaisse. Bien sûr, elle n'hésita pas un seul instant. Je dus admettre que la rigueur avec laquelle elle remplissait mes ordres était impressionnante.

Lorsqu'elle eût couché avec tous mes amis et qu'elle eût même déviergé mon jeune frère de 16 ans, je savais en regardant ses yeux qu'elle attendait de moi rien de moins que la même rigueur dont elle faisait preuve dans sa déclaration de l'amour qu'elle me portait. Je fus donc obligé de la prendre en levrette, lors des funérailles de mère, en arrière du buffet. J'étais assez fier de moi, et je pouvais voir dans ses yeux toute la fierté qu'elle portait à mon égard, émue d'avoir un homme sensible, et aimant.

Les choses se corsaient. Jusqu'où irions-nous? Quelles limites serions-nous capable de franchir? L'inconnu nous excitait, augmentait la ferveur avec laquelle nous nous lancions des défis. Notre amour ne cessait de grandir, de devenir plus fort, au fur et à mesure que nous marchions ensemble, dans la même direction.

Le jour où je lui ai demandé de se tuer a été un des plus beau jour que nous avons passé ensemble. Sa façon de me regarder, les larmes de joie coulant sur sa joue, son sourire, au moment même où elle lâcha la rampe du pont, ses yeux, si brillants et si clairs, sa bouche m'envoyant un dernier baiser, c'était là tout ce que je pouvais espérer de l'amour. Une femme qui m'aime, à la folie.

Chaque fois que je vais la visiter, j'y dépose des fleurs et un de mes doigts, pour m'excuser d'avoir été le moins amoureux des deux.

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