mardi 9 décembre 2008

Vers le large

Je la sentais vivre au bout de mes doigts. Ses frissons résonnaient jusqu'à la rivière. Elle me tenait fermement, pour être certaine de puiser toutes les forces qui me restaient, de faire s'échapper la dernière goutte de plaisir. L'air chaud de la terre enveloppait ses fesses, appuyées contre l'écorce. La sueur coulait dans mes yeux, embués par les regards bleus.

Lorsque je me réveilla le lendemain matin, dans mon lit, elle me chevauchait, les yeux encore épuisés, faisant poursuivre mon rêve de douceur, pensant au monde imaginaire du ralenti, encore plus doux qu'à l'habitude.

Elle dormait sur le divan, se préparant à manger sa proie. Je regardais les arbres, qui se balançaient sur le vent, semblant demander leur chemin vers d'autres lieux, voulant s'envoler et revenir au début du cycle, sans souvenir et sans regard, juste pour avoir la surprise de vouloir apprendre, juste pour dire les mots dont l'on ne se lasse pas, pour faire les gestes inconscients, pour oublier le temps, et mourir sans arrêt.

Je ne la connaissais pas vraiment. Je savais à peine son nom. Mais l'emprise qu'elle avait sur moi m'effaçait petit à petit. Lorsqu'elle s'approchait de moi, je ressentais une profonde peur, un grand vide, sans air, figé dans le temps et dans le noir. Comme des années écoulées, comme des qualités oubliées. Ses yeux en savaient beaucoup. Si j'avais su qu'elle était si belle, je me serais jeté dans le ravin bien avant. Tu me manques, et je te hais.

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