lundi 15 mars 2010

Cri

Longtemps j'ai pensé que j'étais fou. Une peu en marge, sur le rebord de la falaise. Mais elle me ramenait toujours sur la route lorsque j'étais sur le point de tomber.

Je devais marcher depuis quelques heures maintenant. Il faisait sec et froid. Juste assez froid pour avoir les joues qui picotent. Je pensais à tous ceux qui avaient donné leurs vies, tous ceux qui avaient arrêter d'exister, au même moment, tuant tout ce qui avait été dit, fait, et entendu. Tout ça n'existait plus maintenant. J'étais seul. Avec ma tête et son coeur.

Le sang commençait à épaissir. Ça collait sur mes doigts. Mais je le tenais bien serré dans ma main. Je pouvais même encore le sentir battre, faiblement, mais je le sentais. Il était si rouge, si clair, et charnel. Il réchauffait ma main, encore chaud d'amour.

J'avais froid. Il fallait que j'y arrive. Il le fallait. Je lui avait promis, avant de lui arracher. Je devais aller porter la chair de sa chair dans la mer. Le lancer le plus loin possible, dans le creux du remous, puis qu'il se fasse dévorer par la cime, et déchiqueter par les requins.

Je pensais à ses yeux, qui avait versé une dernière larme. Le ventre ouvert, elle me suppliait de l'aimer encore, de se rappeler d'elle, belle, comme elle était, avant. Avant que tout finisse, et change.

Avant d'être arrivé devant l'horizon, je me suis écroulé de fatigue, et de froid. Ouvrant les yeux une dernière fois avant ma mort, je vis que le coeur battait, fort.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

" Avant que tout finisse, et change. " ...

Je voudrais bien savoir ce qui s'est passé après ta mort.

Ce texte là me donne mal au ventre. Quelque chose comme de l'empathie, peut-être, pour la fille éventrée.