Évidemment, je ne prétend pas cerner une personne fondamentalement. En surface seulement. En fait, je cerne ce qu'il projète, et non ce qu'ils sont en vérité. Dans les premières rencontres, personne ne projète vraiment ce qu'il est au plus profond de soi. Je ne crois pas en tout cas. Donc nous voyons des autres ce qu'ils veulent bien nous montrer, en mentant ou non, à leur guise. Mais bon.
Donc prenez ce monsieur par exemple. Il était assis sur les marches de l'entrée d'un appartement, rue Ontario, près d'un dépanneur. Au moment où je suis passé près de lui, j'ai pu entendre
- Un bon café et une bonne cigarette, et un beau soleil, c'est juste ça qu'ça prend.
sur un ton tout à fait convaincu et détendu. Je me suis tout de suite dit que ce monsieur en question avait probablement vécu de terribles épreuves dans la vie. De grands défis, qu'il avait subis sans que cela ne soit de sa faute, ou si peu, et qu'il avait dû affronter les conséquences, car c'était perdu d'avance. Maintenant qu'il était sorti d'affaire, en ayant tout perdu, il profitait de chaque moment, de chaque bouffée, comme si c'était la dernière que le soleil allait faire vibrer dans ses yeux à travers la fumée.
Je suis peut-être dans le champs, probablement en fait, mais c'est ce qui est merveilleux de la non-rencontre. De limiter une relation au simple contact des yeux, à quelques paroles, ou à quelques gestes. Sans que tout cela ne soit gâcher par des mots inutiles et maladroits. En nous faisant notre propre opinion de la personne et en créant son histoire, c'est notre personnalité qui en ressort grandie de cette réflexion, de cette différence, créé de toute pièce, par nous-même.
Mais à l'inverse, essayer de connaître quelqu'un fondamentalement, c'est beaucoup plus complexe, et beaucoup plus stressant. Cela relève de l'amour. Et ça étourdi l'amour.
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