Oui, j'ai fait ma demande. Je lui ai demandé, après notre diner, l'autre jour, sous un soleil de plomb (Dieu qu'il faisait chaud) avec le bruit de l'eau qui nous rappelait sans nuance combien nous avions tenu à être à cet endroit précis, à ce moment précis, sous ce soleil de plomb avec ce diner.
Bref, de mon plus beau sourire, avec ma voix la plus profonde et la plus grave possible, je lui ai demandé. Simplement, et joliment, sans pour autant être trop simple, juste assez compliqué, mais assez facile à cerner, pour pouvoir résonner le plus vite possible, et rouler les yeux de bonheur, l'âme en paix et soulagée de tout ce mystère d'attente et de soupçons. Elle n'a pas souris tout de suite. Elle a finit sa gorgée de vin rouge, une bouteille achetée pour l'occasion, un brin corsé, une belle robe, presque mauve, grattant sur le palais l'air de dire qu'il ne veut pas être bu. Elle m'a regardé, a mis sa main sur ma joue (c'était le début de la fin) et elle a détourné la tête.
Elle ne savait pas. En fait, elle ne voulait pas savoir. Ou se demander si.
J'étais brisé. Comme ce fracas qu'on entend une fois la barrière franchie, le moment où consciemment, on accepte l'humiliation, celle de rester devant sa honte, les yeux au sol, la salive de trop, le coeur en miettes, qui battent toutes selon leur propre rythme.
J'ai acheté un grand cercueil, je m'y suis installé, avec mon coeur de porcelaine, puis, avec une dernière respiration (qui sentait la fraise), j'ai dévalé la chute, celle de tous mes remords, pour ne plus y penser, à elle, à tous ces appartements, ces coups de reins dans le vide et ces mains qui s'emboîtent, j'ai tout envoyé se faire foutre, pour le bien du Seigneur. Amen.
Je suis mort, l'histoire, et la façade.
1 commentaire:
Je n'étais pas venue sur ton blog depuis un petit moment... j'ai de la lecture en retard !! J'voulais juste te dire que ce texte me touche particulièrement... :)
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