vendredi 30 juillet 2010

Les étreintes

«Je lui ai pris le bras pour la consoler, doucement. Je ne voulais pas qu'elle sèche ses pleurs trop vite, qu'elle brise cette si belle ambiance, tout à mon avantage, en héros qu'elle m'avait fait, dans le reflet de sa fenêtre, le regard ténébreux, réconfortant, sombre et mystérieux, comme j'ai toujours voulu.

Je la prenais dans mes nuages pour l'aimer, lui dire tous les mots d'amour qu'elle n'avait jamais entendus, même les plus beaux, lui mettre la main sur le dos, mais toute la main je veux dire, pour vrai, puis lui sourire, innocent de toute cette sexualité grisante, immorale, et pornographique. Mes doigts dans sa bouche, ma main sur son cou, seulement pour la diriger, pour qu'elle sache ce que je veux, ce dont j'ai envie, sa langue entre mes phalanges, âprement mouillées, le souffle court, ma main de plus en plus crispée, seulement pour qu'elle comprenne, qu'elle acquiesce, ne se pose pas de question. Pour qu'elle obéisse, et que je la sauve de son chagrin, qu'elle arrête de pleurnicher comme une fille qui ne mérite rien d'autre qu'une bonne leçon.

Rien à voir avec les étreintes d'une femme dans la mer. Comme je ne voulais plus la voir, elle s'est essuyée les cuisses, a fumé une cigarette couchée à mes côtés, puis elle est parti, du sel sur les joues.»



extrait de Lüri Sanchez Untitled Script

2 commentaires:

Alesse a dit…

Mais qu'est-ce que c'est? Un roman? C'est drôlement bon. j'veux en savoir plus.

Louis-Phil a dit…

C'est un projet en écriture, probablement un scénario de film, je sais pas trop encore... Merci de tes commentaires, ça fait du bien. :)